mercredi 7 janvier 2009

Y en aura pas de facile!


Malgré les déboires vécus en 2008 et la morosité qui s'est ensuite répandue aux quatre coins de la planète, les indices boursiers semblent vouloir effectuer une timide remontée en ce début de nouvelle année.


J'utilise le terme «timide» parce qu'il est encore bien trop tôt pour parler de tendance solide, si bien sûr une telle chose existe (ce dont je doute). Nous avons connu quelques séances positives, mais les prochains mois seront semés d'embûches, de sorte qu'il serait bien futile pour un amateur de prédire où nous en serons fin décembre. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur Yahoo! Finance au moment où j'écris ces lignes pour se convaincre qu'«il n'y en aura vraiment pas de facile» (dixit «Piton» Ruel, l'ineffable entraîneur du Canadien de Montréal des années 1970). À New York, le Dow Jones est présentement en baisse de 176 points (-1.95%), à Toronto le S&P/TSX échappe 292 points (-3%).

Que se passe-t-il donc ce matin pour mettre en péril le très espéré «January Effect», ce mouvement haussier souvent observé à l'ouverture de l'année à Wall Street?

D'autres mauvaises nouvelles, simplement. Cette fois-ci, c'est Alcoa qui annonce 13 500 mises à pied dans ses usines à travers le monde, de manière à réduire sa production et préserver ses liquidités. Et comme une tuile ne tombe jamais seule, le géant des microprocesseurs, Intel, donne la frousse à tout le monde en avertissant que ses revenus pour le quatrième trimestre reculeront de 23% par rapport à l'année précédente, à 8,2 milliards$.

Dans un tel contexte, que faire? À chacun sa solution, selon moi, mais surtout, pas de panique! La volatilité extrême des marchés ne fait, à mon avis, que nous rappeler notre impuissance face au comportement boursier. «In the short run, the market is a voting machine but in the long run it is a weighing machine», aimait à dire le père de l'analyse fondamentale, Benjamin Graham. Pour l'instant, il faut bien en convenir, les opinions sont plutôt négatives en ce qui concerne l'économie mondiale et le marché reflète cette vision des choses. Mais, à long terme, les perspectives des compagnies solides, offrant des services ou des produits de qualité, restent inchangées sinon meilleures.

Prenons l'exemple de Google, la compagnie hôte de ce blogue. Bien qu'il s'agisse d'une entreprise relativement jeune, c'est déjà un géant mondial dont la fortune repose sur un moteur de recherche web incomparable. À 322$ et quelques poussières, GOOG est bien loin de son sommet de presque 750$ touché à l'automne 2007. Les investisseurs évaluaient alors la compagnie à près de 60 fois son bénéfice net des quatre trimestres précédents. L'optimisme était à son comble, la crise immobilière en était au début aux États-Unis, nous venions de passer la crise du crédit mais la crise financière de l'année 2008 était encore loin...

Aujourd'hui, bear market aidant, l'évaluation de Google est beaucoup plus raisonnable, à 20 fois les profits. Et si on regarde un an avant, les perspectives de croissance restent bonnes, les analystes estimant, en moyenne, que la compagnie pourrait dégager un peu plus de 21$ par action (en hausse de 10%), pour un ratio cours/bénéfice (C/B) anticipé de 15.

Quinze fois les profits anticipés pour une action dont le C/B est de 15, c'est une prime généreuse, pourrait-on dire. C'est vrai, mais il faut considérer l'entreprise sous-jacente. Google a une feuille de route impressionnante et occupe sur le web une position dominante que la concurrence aura bien du mal à lui ravir.

Les données financières nous donnent une idée de la force de ce géant: marge de profit de 24%, retour sur l'avoir des actions de 20.8%, 14,4 milliards de liquidités sans dette, fonds autogénérés libres (free cash flow) de 2,1 milliards sur une base annuelle. Google investit entre 10 et 13% de ses revenus en R&D, ce pourcentage ayant tendance à augmenter avec le temps. En 2007, c'était plus de 2 G$; pour 2008 le montant approchera les 2,8 G$. C'est vraiment exceptionnel et constitue en soit une barrière à l'entrée, une «douve» («moat» en anglais) protégeant le modèle d'affaire de GOOG contre les attaques extérieures.

Comprenons-nous bien ici: je n'ai pas l'intention de vous convaincre de devenir actionnaire de Google. Cette décision vous appartient, je ne saurais trop insister sur ce point, d'autant plus que GOOG ne verse pas de dividende et qu'en conséquence, ce titre s'éloigne quelque peu de la stratégie que je voudrais mettre de l'avant. Mon intention est plutôt de tenter de vous convaincre que, peu importe le «bruit et la fureur» qui font bondir Wall Street comme une balle de yo-yo, la vie continue; vous et moi continuerons de nous nourrir, nous vêtir, nous chauffer, nous distraire, nous déplacer, nous informer quoi qu'il advienne. Bref, tôt ou tard les perspectives à court terme redeviendront meilleures, ce qui devrait profiter aux entreprises supérieures, fondées sur des modèles robustes et qui auront survécu. Il y a fort à parier que Google est de cette trempe, ne pensez-vous pas?

1 commentaire:

  1. Bienvenue dans la communauté des blogs francophones sur la Bourse !

    J'ai trouvé votre analyse sur Computer Modeling très intéressante et très bien faite! Je vais vous ajouter à ma liste de blogs favoris.

    Au plaisir de vous lire !

    Philippe Rancourt (L'entrepreneur boursier)

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