samedi 28 février 2009

75 augmentations en février


Contre toute attente, malgré les nouvelles négatives qui s'accumulent jour après jour et en dépit de la lancinante et interminable dégringolade des marchés, au moins 75 compagnies inscrites aux bourses nord-américaines ont annoncé une augmentation de leur dividende au mois de février.


Je sais, je sais... Il y a eu bien plus de diminutions ou -- bien pire encore -- de suspensions de dividende dans le dernier mois.

Je ne contesterai certainement pas ce fait. D'autant plus que des compagnies-phares comme General Electric et JPMorgan Chase ont été de celles qui ont désappointé leurs actionnaires.

Dans le cas de GE, c'était la première fois que la direction prenait une telle décision depuis 1938. Le pdg Jeffrey Immelt n'avait guère le choix: il lui fallait diminuer le versement trimestriel (de 31 cents à 10 cents) de façon à préserver, au moins pour un temps, la cote de crédit AAA du conglomérat.

Pour JPMorgan, la diminution de 38 cents à 5 cents par trimestre -- une première depuis 1990 -- est également substantielle. La banque épargnera ainsi 5 milliards $ par année, ce qui lui permettra de rembourser plus rapidement le prêt obtenu des autorités fédérales dans le cadre du TARP (Trouble Assets Relief Program).

D'autres noms bien connus ont fait la manchette en février: Dow Chemical, Macy's, CBS Corp., Gannett, Harley Davidson. Pour Dow Chemical, c'était la première coupure ( de 42 à 15 cents trimestriellement) en près de 100 ans! Assurément, une décision qui a dû faire réfléchir la direction très longtemps...

Le négativisme est si répandu, particulièrement en ce qui touche le secteur financier, que certains observateurs en sont même à prédire que les banques canadiennes -- supposément les plus solides au monde -- ne sont pas à l'abri de la tendance.

Bref, je sais bien que tout semble noir présentement. Que les perspectives de redressement pour 2009 paraissent très minces. Même le grand patron de Berkshire Hathaway, Warren Buffett, se dit de cet avis dans sa lettre aux actionnaires pour l'année 2008, publiée samedi matin. «L'économie sera un gâchis pendant toute l'année -- et probablement pour bien plus longtemps -- mais cette conclusion ne nous dit pas pour autant si le marché boursier sera haussier ou baissier», d'écrire l'Oracle d'Omaha.

Mais M. Buffett rappelle que les États-Unis en ont vu bien d'autres au cours des cent dernières années, ce qui l'amène à rester optimiste pour l'économie américaine: «Même si la route n'a pas été sans cahot, notre système économique a performé extraordinairement bien à travers le temps. Il a permis de libérer le potentiel humain comme aucun autre système n'a su le faire, et il continuera à le faire. Les meilleurs jours de l'Amérique sont toujours devant elle.»

Pourtant, l'année 2008 n'a pas été de tout repos pour Berkshire Hathaway. La valeur au livre du conglomérat a décliné de 9,6%, à 70,530$, la plus forte baisse depuis qu'il en a pris le contrôle en 1965. L'action de catégorie A a perdu 32% de sa valeur au cours de l'année, 48% depuis le sommet de 151,650$ atteint en décembre 2007.

Pourquoi alors cet optimisme?

Parce qu'au-delà de sa foi inébranlable dans le système capitaliste, M. Buffett est avant tout un investisseur qui croit en la valeur. Et comme il se plaît à le dire souvent, il n'y a pas de meilleur moment pour investir que lorsque la peur domine les marchés, comme c'est le cas actuellement. En cela il rejoint parfaitement une pensée écrite par un autre célèbre investisseur, Sir John Templeton:

«Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, s'épanouissent dans l'optimisme, et périssent dans l'euphorie. Achetez quand le pessimisme est à son comble, et vendez lorsque l'optimisme atteint son point culminant.»

Je suis bien sûr incapable de dire si nous en sommes au comble du pessimisme, mais je trouve du réconfort à mettre à jour la liste des compagnies qui se considèrent suffisamment solides pour hausser leur dividende en plein coeur d'une récession aussi sévère que celle que nous vivons depuis bientôt un an. Je suis d'avis qu'un investisseur qui bâtit un portefeuille en se fondant sur une telle liste a d'excellentes chances d'obtenir de bons résultats, à long terme, s'il fait une sélection judicieuse de titres.

À chacun son style, évidemment. Personnellement, j'aurais tendance à cibler les compagnies selon la robustesse de leur modèle d'affaire. Il faut aussi évaluer la qualité de l'équipe de direction. A-t-elle une vision à long terme? Ses intérêts sont-ils alignés sur ceux des actionnaires? Remplit-elle ses promesses? Est-elle efficace dans le déploiement du capital? Ce sont autant de questions auxquelles on peut répondre en lisant attentivement les rapports trimestriels et annuels de la compagnie.

Les chiffres aussi parlent. Quel est le niveau d'endettement? Le retour sur l'avoir des actionnaires? Les marges s'améliorent-elles? Y a-t-il des liquidités en caisse?

Voilà, ces questions et bien d'autres vous appartiennent, car je vous livre la liste du mois de février. À vous de jouer les détectives maintenant. Je vous souhaite de trouver, parmi ces 74 compagnies, le petit «bijou» qui donnera une impulsion irrésistible à votre portefeuille pour de nombreuses années à venir.

Bonne chasse!

EN FÉVRIER

- Abbott: 0.16$ à 1.60$
- ACE Limited: 0.08$ à 1.24$
- AGL Resources: 0.04$ à 1.72$

- Albermarle Corp.: 0.02$ à 0.50$
- Archer Daniels: 0.04$ à 0.56$
- Auburn National Bancorp: 0.02$ à 0.76$
- Avon Products Inc.: 0.04$ à 0.84$
- American Physicians Capital: 0.04$ à 0.44$
- BCE: 0.08$ à 1.54$ *
- Black Hills Corp.: 0.02$ à 1.42$

- BP plc: 0.03$ à 0.56$
- Buckeye Partners: 0.05 à 3.55$
- CCL Industries Inc.: 0.04$ à 0.60$ *
- Chubb Corporation: 0.08$ à 1.40$
- Chevrot Financial Corp.: 0.04$ à 0.40$
- Coca-Cola Company: 0.12$ à 1.64$
- Colgate-Palmolive Company: 0.16$ à 1.76$
- Comcast: 0.02$ à 0.27$
- Compass Minerals: 0.08$ à 1.42$
- Computer Modelling: 0.04$ à 0.60$ *
- Diageo: 0.70p à 135.05p
- Diamond Offshore Drilling: 1.875$ (spécial) à 2.375$
- Diebold: 0.04$ à 1.04$
- EOG Resources: 0.04$ à 0.54$
- Essex Property Trust: 0.04$ à 4.12$
- First Keystone Corporation: 0.04$ à 0.92$
- Flowserve Corp.: 0.08$ à 1.08$
- FPL Group.: 0.12$ à 1.89$
- GATX Corp.: 0.04$ à 1.12$

- HCP Inc.: 0.02$ à 1.84$
- Honeywell: 0.11$ à 1.21$
- Infinity Property and Casualty Corp.: 0.04$ à 0.48$
- ING Canada: 0.04$ à 1.28$ *
- Integrys Energy Group.: 0.04$ à 2.72$
- ITT Corporation: 0.15$ à 0.85$
- Jack Henry & Associates: 0.04$ à 0.34$
- J.B. Hunt Transport Services: 0.04$ à 0.44$
- Kimberly-Clark Corporation: 0.08$ à 2.40$
- L3 Communications: 0.20 à 1.40$
- Opmedic Group Inc.: 0.015 (nouveau)
*
- Owens & Minor Inc.: 0.12$ à 0.92$
- McGrawth Rentcorp: 0.08$ à 0.88$
- Meredith Corp.: 0.04$ à 0.90$

- Northeast Utilities System: 0.10$ à 0.95$
- NuSkin Enterprises: 0.02$ à 0.46$
- Pepsi Americas: 0.02$ à 0.56$
- PG&E Corporation: 0.12$ à 1.56$
- PPL Corporation: 0.04$ à 1.38$
- Pricesmart Inc.: 0.08$ à 0.50$
- Public Service Enterprise Group: 0.04$ à 1.33$
- Pitney Bowes: 0.04$ à 1.44$
- QNB Corp.: 0.04$ à 0.96$
- RenaissanceRe Holdings Ltd.: 0.04$ à 0.96$
- Robert Half International: 0.04$ à 0.48$
- Rogers Communications: 0.16$ à 1.16$ *
- Ross Stores: 0.06% à 0.44$

- Scana Corporation: 0.04$ à 1.86$
- Sempra Energy: 0.16$ à 1.56$
- Sherwin Williams: 0.02$ à 1.42$

- Sigma-Aldrich: 0.06$ à 0.58$
- Silgan Holdings Inc.: 0.08$ à 0.76$
- Southwest Gas: 0.05$ à 0.95$
- Texas Pacific Land Trust: 0.01$ à 0.19$
- The Andersons Inc.: 0.01$ à 0.35$

- Thomson Reuters: 0.04$ à 1.12$ *
- 3M Co.: 0.04$ à 2.04$

- Tim Hortons Inc.: 0.04$ à 0.40$ *
- Toromont: 0.04$ à 0.60$
*
- TransCanada Corp.: 0.08$ à 1.52$ *
- T. Rowe Price: 0.04$ à 1.00$
- Unisource Energy Corp.: 0.20$ à 1.16$
- Waste Management Inc.: 0.08$ à 1.16$
- Westar Energy: 0.04$ à 1.20$
- World Fuel Service: 0.15$ à 0.30$
- XTO Energy: 0.02$ à 0.50$


* Compagnie canadienne

jeudi 26 février 2009

Donaldson rattrapée par la crise


Il fallait bien que je trace le profil boursier de Donaldson Company, et que je vante le fait qu'elle s'acheminait vers son 20e record annuel consécutif de bénéfice net par action, pour que cette longue série de succès soit mise en péril.


La mauvaise nouvelle est tombée après la fermeture des marchés boursiers mercredi soir, avec le communiqué annonçant les résultats du deuxième trimestre de l'année fiscale 2009: «Malheureusement, la récession mondiale nous a frappé rapidement et avec force au deuxième trimestre», a reconnu le pdg Bill Cook, ajoutant que l'année fiscale 2009 «s'annonce comme la plus difficile pour Donaldson depuis au moins le début des années 1980».

Inutile de dire que l'action du fabricant de systèmes de filtration de Minneapolis a été sévèrement punie hier à la bourse de New York. Le titre a retraité de 3.05$ (10,79%) pour terminer la journée à 25.21$.

Voici les points saillants de ce deuxième trimestre:

Au total, les ventes ont atteint 460,6 millions $, bien en-dessous des prévisions de 500,7 millions $ et du total de 511,7 millions $ atteint en 2008.

La diminution des ventes a été plus durement ressentie dans le secteur des produits pour moteurs et véhicules. La demande est heureusement restée forte dans les secteurs de l'aéronautique, de la défense, des turbines à gaz et des produits après-vente pour la réduction des émissions sont demeurés, de sorte que la compagnie a quand même été en mesure de dégager un bénéfice net de 33,8 millions $ ou 43 cents par action, comparativement à 34,1 millions $ ou 42 cents par action un an plus tôt.

Attentes réduites

La direction a réduit les attentes pour l'année fiscale 2009. La cible pour le bénéfice net par action a été réduite d'un éventail de 2.16$ à 2.36$ à un écart plus modeste de 1.70$ à 1.90$. Selon un relevé effectué par Thomson Reuters, les analystes attendaient en moyenne 2.11$ par action.

Dès les premiers signes du ralentissement économique, cet automne, la direction a pris une série de mesures pour réduire ses coûts d'opération. Plus de 1 800 licenciements (environ 14% de la main d'oeuvre totale) ont été effectués et d'autres le seront au cours du troisième trimestre. Il s'agit, selon Bill Cook, de décisions «très difficiles» mais nécessaires, prises pour «protéger la santé de l'entreprise face à la volatilité et aux difficultés liées aux conditions économiques actuelles».

Bilan solide

«Sur une note plus positive, a-t-il ajouté, notre bilan demeure solide et nous prévoyons de continuer à générer des flux de trésorerie libres pour financer nos opérations. Ainsi, pour la période de six mois qui vient de s'écouler, nous avons généré 70,6 millions $ en flux de trésorerie libres, une augmentation de 52,6 millions $ sur l'année précédente.»

(...)


«Nous prévoyons que la restructuration déjà entreprise, combinée aux actions que nous sommes en train de planifier, se traduiront par des économies d'opération de 85 millions $, sur une base annuelle, lorsqu'elles seront complétées. De plus, étant donné qu'une partie importante de notre salaire est «à risque», donc basée sur notre performance financière, la compensation des directeurs exécutifs sera réduite de 30 à 50% cette année, en raison de primes au rendement plus basses. Les salaires de base des directeurs seront également gelés aux niveaux de janvier 2008.»

Et le dividende?

Pour finir, rappelons que Donaldson verse un dividende trimestriel de 11,5 cents ou 46 cents, sur une base annuelle. Bien que la direction ait l'habitude d'augmenter la distribution d'année en année, j'ai l'impression que 2009 pourrait devenir l'exception à la règle. Si la crise se durcit et que la reprise tarde à venir, je n'ai aucun doute que la direction optera pour la prudence et que le dividende sera maintenu à son niveau actuel.

En supposant que la compagnie réussisse à dégager un bénéfice net par action de 1.70$ en 2009, son ratio de distribution serait de 27%, légèrement au-dessus de la fourchette de 20 à 25% souhaitée par la direction. En six mois, Donaldson a déjà dégagé 1.03$ de bénéfice net. Espérons que les mesures prises par la direction lui permettront d'atteindre ses objectifs. Et qui sait, si les nuages finissent par se dissiper, peut-être aurons-nous droit à une autre augmentation d'ici l'automne.

Bonne journée!

jeudi 19 février 2009

Groupe BMTC, toujours aussi rentable


Depuis le temps que je m'intéresse à Groupe BMTC, je ne me souviens pas d'un seul trimestre où j'ai été déçu de prendre connaissance des derniers résultats financiers de cette société dirigée de main de maître par son pdg et principal actionnaire, M. Yves Des Groseillers.


Le communiqué publié hier soir était tout à fait dans la tradition de cette entreprise qui opère les chaînes de meubles et appareils électroniques et électro-ménagers Brault & Martineau et Ameublements Tanguay. Sans le moindre artifice, la direction nous apprend que le bénéfice net pour l'année 2008 totalise 69,9 millions $, soit 20,9 millions $ (42.6%) de plus qu'en 2007. Le bénéfice net par action atteint 2.36$ comparativement à 1.54$ l'année précédente pour une amélioration de 53.2%. Les revenus ont culminé à 856,2 millions $ (841,5 millions $ en 2007).

Fait à noter, la direction explique dans son communiqué que «la comptabilisation aux résultats du coût des options a eu pour effet d'augmenter le bénéfice net par action de base de 0.20$ comparativement à une réduction de 0.20$ par action pour l'exercice précédent». En tenant compte de cet élément et de certains autres, le bénéfice net aurait été de 61,4 millions $ en 2008 et de 56,4 millions $ l'année précédente. Groupe BMTC, rappelons-le, est l'une des rares sociétés publiques à comptabiliser le coût de ses options sur une base continue.

Pour le trimestre terminé le 31 décembre, le bénéfice net est 21,8 millions $, 35% de mieux qu'en 2007 (16,1 millions $), malgré des ventes en recul de 6,7 millions $ (216,8 millions $ comparativement à 223,6 millions $). Le BPA se chiffre à 0.79$, soit 29 cents de plus qu'en 2007 à 0.50$.

Ajusté en fonction du coût des options, le bénéfice net aurait été de 22 millions $ et de 17,5 millions $ pour 2008 et 2007 respectivement.

Mon opinion

La croissance des ventes est évidemment très marginale. Aucune surprise de ce côté, compte tenu que le ralentissement économique a commencé à se faire sentir avec plus de force au dernier trimestre. Groupe BMTC doit aussi composer avec la déflation des prix des téléviseurs numériques, cinémas-maison, ordinateurs et autres appareils électroniques, ce qui a pour effet de freiner la croissance des revenus en chiffres absolus même si le nombre d'unités vendues augmente.

Quoi qu'il en soit, je trouve ces chiffres franchement très bons, surtout lorsque comparés à ceux du principal concurrent, Meubles Léon, également dévoilés hier. Sans entrer dans les détails, je constate que cette compagnie ontarienne -- elle aussi très bien gérée -- affiche une meilleure croissance des ventes, mais sans toutefois que cela se traduise par une aussi forte rentabilité. Il faut dire qu'une bonne partie de l'augmentation du chiffre d'affaires pour le dernier trimestre est attribuable à l'acquisition d'Appliance Canada.

Enfin, les actionnaires de Groupe BMTC sont certainement mieux placés que ceux d'un autre compétiteur important, la Fiducie de revenu Groupe Brick qui opère entre autres les magasins The Brick. Les pauvres ont en effet appris hier que la société suspendait jusqu'à nouvel ordre le versement de la distribution mensuelle de 0,05$. C'est un deuxième coup dur en peu de temps, car en novembre la distribution avait été réduite de moitié. L'unité de The Brick a fini la journée d'hier à 1.60$, en baisse de 1.05$, soit 39.6%. De quoi s'appauvrir vraiment, comme vous pouvez le constater...

À dire vrai, plus rien ne m'étonne avec ce détaillant. Je pense depuis déjà un bon moment que The Brick est une société qui a un modèle d'affaire dont l'exécution laisse pour le moins à désirer. Sa stratégie consiste essentiellement à croître géographiquement par l'implantation de nouveaux magasins. Le déploiement accéléré de son réseau a été financé par les flux de trésorerie et une part d'endettement. Inutile de dire que les résultats au bilan sont loin d'être probants.

À son introduction en bourse en 2004 à 10$ l'unité, BRK.un prévoyait distribuer 1.20$ par unité, soit 0.10$ mensuellement. Si je ne m'abuse, en un peu moins de cinq ans, la distribution n'a jamais été augmentée, en dépit du fait que les revenus sont passés de 921 millions $ à près de 1,5 milliard $ en 2008. En clair, la direction ne s'est pas montrée en mesure de créer de la valeur ajoutée pour les actionnaires. Qui plus est, les 272 millions $ obtenus lors de l'appel public à l'épargne de 2004 ont fondu, car la capitalisation boursière de la fiducie est passée sous les 80 millions $.

Bonne chance à Fairfax Financial qui est devenue un important actionnaire l'automne dernier. Je ne serais d'ailleurs pas surpris que le pdg Prem Watsa -- surnommé le «Warren Buffett canadien» -- ait quelque chose à voir dans la décision de suspendre la distribution mensuelle.

C'est à suivre.

Bonne journée!

mercredi 18 février 2009

PBS et la crise financière


J'ai décidé de vous faire partager aujourd'hui un documentaire fascinant du réseau de télévision PBS intitulé Inside the Meltdown -- How the economy went so bad, so fast, and what Bernanke and Paulson didn't see, couldn't stop and weren't able to fix.


Nous avons là la confirmation que le système financier mondial a été à deux doigts d'une catastrophe sans précédent l'automne dernier. Pour qu'un politicien ardent défenseur de la libre-entreprise comme le Secrétaire au Trésor Henry Paulson annonce à huis clos, à une douzaine de congressistes triés sur le volet, qu'ils n'avaient d'autre choix que d'utiliser l'argent des contribuables -- 700 milliards $ -- pour sauver l'économie mondiale, il fallait en effet que l'heure soit grave.

S'ils n'agissaient pas immédiatement, leur a expliqué en substance le président de la Banque fédérale américaine, Ben Bernanke, «dans quelques jours, le système financier va s'écrouler». Pour reprendre l'expression du sénateur démocrate Chris Dodd, qui assistait à cette rencontre historique, «il y a eu une pause où l'oxygène, littéralement, a quitté la salle»...

L'idéologie de côté


Quelques mois plus tard, il est encore bien trop tôt pour crier victoire. Mais au moins, nous pouvons trouver un peu de réconfort à la pensée que les personnes en position de commande ont mis l'idéologie de côté pour chercher des solutions réalistes aux problèmes auxquels elles étaient confrontées.


Le vidéo rappelle entre autres ces journées chargées de tension, au mois de septembre 2008, où le Congrès américain a rejeté le plan Paulson. Il fallait voir certains élus -- républicains et démocrates -- se taper la poitrine du poing, jurer qu'ils ne porteraient pas l'odieux de voter en faveur du projet alors que se jouait probablement l'avenir du système capitalisme tel que nous le connaissons. La déroute des marchés boursiers qui s'est ensuivie les a, heureusement, rappelé à l'ordre.

Quand j'y pense, nous vivions des heures irréelles, presque absurdes. Pour faire une analogie, c'est un peu comme si un jeune champion du 100 mètres se présentait à l'urgence d'un hôpital à l'article de la mort. Le personnel médical -- incidemment très compétent -- qui se penche sur notre patient en arrive rapidement à la conclusion que celui-ci est atteint de la bactérie mangeuse de chair et que l'amputation d'une des deux jambes s'impose dans les plus brefs délais. Mais voilà, papa et maman s'opposent.

«Pas question! c'est un champion. Sans ses deux jambes, sa carrière sera terminée. Qu'adviendra-t-il de lui, de son futur?» s'insurgent-ils devant les médecins pantois. Poser la question, c'est y répondre: peut-être aura-t-il une chance de vivre, nom de Dieu!

Quoi faire?


J'ignore évidemment ce que serait devenue notre existence à tous dans l'éventualité de l'effondrement du système capitaliste. Devrions-nous faire comme certains et acheter de l'or, de la nourriture et des armes pour faire face au chaos qui pourrait en résulter?


Je me souviens que Felix Zulauf, un participant régulier à la Table ronde annuelle de Barron's, était un partisan de cette approche au début de janvier. Zulauf, que Peter Lynch qualifiait de «worrywart» (Traduction libre: perpétuel angoissé) dans le chapitre de son livre Beating the Street où il parle de ses participations à ce rendez-vous annuel...

Peter Lynch a bien sûr toujours été un optimiste. Mais même lorsque l'ancien gestionnaire du Fonds Magellan se met à imaginer les pires scénarios pour le système capitaliste, je retiens qu'à son avis, c'est encore le marché boursier qui tient les meilleures promesses de rendement à long terme. Bien meilleures que les obligations, certificats de dépôts et l'argent comptant, qui de toute façon, selon lui, ne seraient pas non plus de grand secours si le toit venait effectivement à s'effondrer sur nos têtes.

Un autre grand investisseur, Warren Buffett, semble partager la même vision des choses. Dans l'article qu'il écrivait récemment dans le New York Times, il annonçait son intention d'être très actif sur le marché à la suite de la dégringolade boursière de l'automne. Pourtant, le pdg de Berkshire Hathaway -- un homme consulté par le gouverneur de la Californie, le républicain Arnold Schwarzenegger, et le nouveau président des États-Unis, Barack Obama -- était certainement bien au fait de l'état lamentable de l'économie mondiale au moment d'écrire ces lignes. Le temps était tout de même venu, selon lui, d'acheter des actions. De plus, il estimait que l'argent comptant était la pire protection possible en ces heures d'incertitude:

(...)

«Today people who hold cash equivalents feel comfortable. They shouldn’t. They have opted for a terrible long-term asset, one that pays virtually nothing and is certain to depreciate in value. Indeed, the policies that government will follow in its efforts to alleviate the current crisis will probably prove inflationary and therefore accelerate declines in the real value of cash accounts.»

(...)

C'est un peu long comme introduction et c'est pourquoi je vous ramène, à la fin de cet article, au vidéo de CBS. Écoutez-le avec attention, mais ne vous découragez pas pour autant. Pensez que les compagnies dont vous êtes actionnaires -- si elles sont bien choisies -- survivront au ralentissement économique. À titre d'exemple, juste aujourd'hui, six compagnies dont les actions sont inscrites sur les marchés boursiers nord-américains ont annoncé une augmentation de dividende. En février, je compte déjà 46 compagnies qui ont fait de même. Bien sûr, cela ne vous empêche pas d'acheter aussi de l'or, de la nourriture et des armes, comme le suggèrent les Felix Zulauf de ce monde. Si toutefois c'est votre intention, posez-vous d'abord cette simple question: pourrez-vous vraiment vous retrancher dans un bunker et défendre votre patrimoine, si jamais ça en vient là?

Voilà de bons éléments de réflexion.

Bonne journée!


jeudi 12 février 2009

Computer Modelling refait le coup!


Computer Modelling vient de joindre la liste des compagnies en mesure de hausser leur dividende en plein milieu de ce que certains décrivent comme la pire crise économique des 100 dernières années.


Le petit concepteur et fournisseur de logiciels destinés à l'industrie des hydrocarbures a en effet annoncé hier après-midi, juste avant la clôture des marchés, que son dividende trimestriel passait de 14 à 15 cents l'action, soit 7% de mieux. Ce dividende sera versé le 13 mars aux actionnaires inscrits au registre le 2 mars.

Fait intéressant à noter: il s'agit du quatrième trimestre sur cinq où la direction de cette compagnie de Calgary décide de hausser le dividende. Voici le détail des versements précédents tiré du profil boursier que j'ai tracé tout récemment:

- Février 2008: hausse de 33.3% à 10 cents.
- Mai 2008: div. de 10 cents + div. extra. de 12.5 cents.
- Août 2008: hausse de 20% à 12 cents.
- Novembre 2008: hausse de 17% à 14 cents.


Croissance accélérée


Pour ceux qui s'inquiètent de savoir si la direction est prudente de se montrer aussi généreuse avec ses actionnaires, les résultats financiers trimestriels, publiés plus tard en soirée, répondent aux interrogations de façon éloquente.

Moi qui s'intéresse à la compagnie depuis plusieurs années, j'ai été surpris de constater que, loin de prendre une pause en raison du ralentissement économique, la croissance de la compagnie se maintient, voire s'accélère.

Quelques chiffres pour vous en convaincre: par rapport au trimestre comparable de l'an dernier, les revenus sont en progression de 59%, à 11,6 millions $; le bénéfice net de 132%, à 4,9 millions $; le bénéfice net par action de 115%, à 0.28$.

La croissance est également remarquable par rapport au trimestre précédent: 21.6% au plan des revenus; 65.2% pour le bénéfice net; 64.7% pour le BPA. Ces chiffres exceptionnels trouvent leur explication, selon moi, par l'amélioration de la marge brute, de 75% à 82%.


Pour les neuf premiers mois de l'année fiscale 2009, les résultats sont tout aussi exceptionnels avec des revenus de 29,5 millions $ (55% de mieux que la période correspondante il y a un an), un bénéfice net de 10,49 millions $ (+129%) et un BPA de 0.61$ (+126%).


Malgré les 8,3 millions $ versés en dividendes en neuf mois, l'encaisse se chiffrait à la fin de décembre à 28,5 millions $, soit 5 millions $ (21.6%) de plus qu'à la fin de l'année fiscale précédente, le 31 mars 2008.
J'en conclus qu'un autre dividende spécial n'est pas à exclure, bien que la direction, fidèle à son habitude, ne fasse aucune promesse à ce sujet.

En ce qui concerne les prochains trimestres, je m'en tiendrai simplement au commentaire du président directeur-général, Kenneth M. Dedeluk:

«Dans le contexte actuel de bas prix pour les produits de base, d'accès restreint au crédit et d'incertitude généralisée au plan économique, il apparaît probable que les producteurs de pétrole vont diminuer leurs dépenses en capital. Cependant, étant donné les avantages offerts par notre technologie à nos clients et leur besoin grandissant d'utiliser des méthodes de production novatrices, nous demeurons prudemment optimistes que nos ventes de licences de logiciels resteront fortes.»

Ça me convient parfaitement.


Bonne journée!


mercredi 11 février 2009

BCE fait plaisir à ses actionnaires


BCE, la société-mère de Bell Canada, a fait plaisir à ses actionnaires en annonçant ce matin «son engagement à leur retourner de l'encaisse par des augmentations régulières et durables du dividende».


Le président et chef de la direction, George Cope, a profité de la publication des résultats annuels de BCE pour confirmer une augmentation du dividende annuel de 5%, celui-ci passant de 1.48$ à 1.54$. Il s'agit d'une première depuis l'échec de la tentative de privatisation de la compagnie, une mésaventure qui aura duré plus d'un an et que la direction veut visiblement mettre derrière elle.

La hausse entrera en vigueur avec le prochain versement trimestriel de 0.385$ par action ordinaire, payable le 15 avril aux actionnaires inscrits au registre à la fermeture des bureaux le 16 mars 2009.

Le chef des affaires financières de BCE, Siim Vanaselja, a tenu à préciser que la société «établit une politique de dividende claire avec un paiement de dividende cible de 65 % à 75 % du BPA ajusté, qui offre suffisamment de flexibilité pour continuer d'investir dans l'entreprise tout en accroissant les distributions aux actionnaires».

«Les progrès de BCE sur le plan financier et opérationnel nous donnent confiance dans notre capacité de continuer de retourner de la valeur aux actionnaires, par exemple au moyen de l'augmentation du dividende sur actions ordinaires annoncée aujourd'hui et du programme de rachat d'actions ordinaires dans le cours normal des activités annoncé le 12 décembre 2008

A la fin de 2008, BCE avait à son bilan plus de 3 milliards $ en espèces et quasi-espèces.

Bonne journée!

dimanche 8 février 2009

Quelques précisions au sujet de Donaldson


Grâce à la magie de l'internet, mon article au sujet de Donaldson Company --
même si il est écrit en français -- a suscité de l'intérêt aux États-Unis, notamment dans la région de Minneapolis, au Minnesota, où se trouve le siège social de la société.

Un de ces lecteurs anglophones, qui dit suivre les activités de Donaldson depuis de nombreuses années, a même communiqué avec moi en fin de semaine pour ajouter son grain de sel.

À la condition que je garde son identité confidentielle, il m'a donné la permission de vous livrer ses observations. Les voici:


Marc

I enjoyed your blog about DCI. It was very thorough and you captured the essence of the value of an investment in DCI. A couple points of interest: Pall and Clarcor are key competitors as you state, however, the others mentioned are much less so. Two other major ones include Fleetguard, a Cummins company, and Parker.

Fleetguard supplies first fit to Cummins and they are a major aftermarket competitor in both filters and mufflers. Parker has a wide range of hydraulic, fuel and air filters, much gained through acquisition. Fram is another large aftermarket filter competitor but they also mfg. air cleaners for Mack.

As you will see when we move out of recession, DCI will generate an extraordinary level of free cash flow. They are in the process of cost cutting now and, as volume improves, they throw off large amounts of cash, primarily from the engine business. This has happened following every business downturn since 1979.

Finally, as important as geographical diversification has become, the key strategy was market/product diversification instituted by Bill Hodder. DCI was so tied to Cat (N.d.l.r.: Caterpillar) that the stock price always fluctuated in line with that giant. That is, thankfully, no longer the case but it took the market a long time to realize that.

Best regards

Voilà. J'ai pensé qu'il valait la peine d'apporter ces quelques précisions afin de tracer le portrait le plus complet possible de Donaldson Company.

Bonne journée!

jeudi 5 février 2009

Des nouvelles de Bird Construction


Bird Construction Income Fund a émis un communiqué en fin d'après-midi jeudi annonçant la fermeture prochaine de son bureau de Seattle dans l'état de Washington.

Le bureau devrait être fermé avant la fin de l'année 2009, lorsque les derniers contrats seront complétés. La compagnie maintiendra ensuite des «capacités opérationnelles en place jusqu'en 2010 afin de respecter ses garanties contractuelles».

La direction explique sa décision par son «incapacité à générer les résultats financiers prévus et la volonté de concentrer les efforts de la haute direction vers les opportunités qui se présenteront sur le marché canadien».

«Nous ne croyons pas que la fermeture de la division de Seattle aura un impact perceptible sur les résultats de la compagnie, ni que cela pourrait l'empêcher de maintenir les distributions», assure la direction confirmant, en conclusion du communiqué, le versement de sa distribution régulière de 0.1209$ pour les mois de février et mars.

Mon opinion

À première vue, la nouvelle d'aujourd'hui n'a rien de bien positif, mais plus j'y pense, moins elle me surprend. Il y a quelques années, Bird Construction avait trois bureaux aux États-Unis: à New York, Salt Lake City et bien sûr Seattle. New York a été fermé rapidement, Salt Lake City il y a deux ou trois ans, et c'est maintenant au tour de Seattle. À chaque fois, ces marchés ont été abandonnés parce que les résultats étaient inférieurs aux attentes. Bref, l'expérience de diversification américaine n'a pas fonctionnée et la compagnie s'en tiendra désormais à ce qu'elle fait le mieux: développer le marché canadien.

En ce qui concerne les «opportunités» dont il est fait mention dans le communiqué, j'ignore évidemment si la direction a quelque chose de précis en tête. Si c'est le cas, je verrais certes d'un bon oeil l'acquisition -- à prix raisonnable -- d'une concurrente dans le but d'accroître son rayonnement géographique et l'étendue de son offre de services.

Bonne journée!


mercredi 4 février 2009

Bird Construction : un oiseau rare!


Bien peu d’investisseurs au Canada connaissent Bird Construction Income Fund. Bien sûr, peut-être y en a-t-il qui ont déjà remarqué son nom inscrit sur des affiches, aux abords d’un immeuble en construction, mais très rares sont ceux qui ont eu la chance d’être mis au courant, assez tôt pour en profiter, de ses extraordinaires succès en bourse et en affaires. Je dis «extraordinaires», parce que je ne connais aucune autre compagnie canadienne qui a retourné autant d’argent à ses actionnaires au cours des dix dernières années.

Tel que son nom l’indique, Bird Construction Income Fund est une fiducie de revenu qui contrôle Bird Construction Limited, un entrepreneur général en construction et gestion de projets actif au Canada et aux États-Unis. La compagnie offre ses services aux secteurs industriel, institutionnel, commercial et multi-résidentiel, selon des formules contractuelles adaptées aux désirs de la clientèle. Fondée il y a près de 90 ans par H.J. Bird, elle compte aujourd’hui des bureaux à Halifax, Saint John (Nouveau-Brunswick), Toronto (siège social), Winnipeg, Calgary, Edmonton, Vancouver et Seattle (état de Washington).

Jusqu’en février 2006, Bird Construction faisait affaire sous le modèle corporatif. Mais son pdg à l’époque, Paul A. Charrette, jugeait qu’il lui serait plus facile comme fiducie de revenu de redistribuer à ses actionnaires les amples surplus de capital qu’elle générait d’année en année – surplus dont elle n’avait aucun besoin pour maintenir ses opérations. C’est ainsi que ses actions – qui se transigeaient au TSX Venture Exchange (BDT) – ont été converties en unités de fiducie, selon un ratio de trois unités pour une action, et inscrites à la bourse de Toronto sous le symbole BDT.un. Il s’agissait alors du deuxième fractionnement en moins de 10 ans, qui portait le nombre d’unités en circulation à 13 789 180.

C’était tout un changement, car, à peine sept ans plus tôt, en 1999, la compagnie ne comptait au grand total que 188 153 actions! Celles-ci s’échangeaient sur le parquet de la minuscule bourse de Winnipeg, où le teneur de marché pouvait passer des semaines sans avoir à effectuer la moindre transaction sur le titre. Et pour cause : dans son rapport annuel, la compagnie ne déclarait que 158 actionnaires, soit à peu près le même nombre qu’en 1995. Selon ce que j’ai été en mesure de recenser (et ça n’a pas été facile, croyez-moi!), quelques milliers d’actions seulement ont changé de mains au milieu de l’année 1999 à des prix variant entre 88$ et 125$, soit entre six et sept fois le bénéfice par action de 1998 – un bénéfice pharamineux de 16.87$.

Inscrite au Canadian Venture Exchange, puis au TSX Venture Exchange à la suite du fusionnement, au tournant du siècle, des bourses de Winnipeg, Montréal, Calgary et Vancouver, l’action de Bird Construction a continué de monter sous l’effet d’une poignée de transactions, de sorte qu’à la fin de 2000, elle valait plus de 180$. C’est un chiffre impressionnant, mais la compagnie allait très bien. L’année précédente, elle avait bouclé un sixième profit record de suite, plus du double de celui de l’année précédente, soit 7,6 millions $ sur des revenus de 341,2 millions $. Avec un bénéfice net par action de 40.52$, le prix de l’action était extrêmement raisonnable à un ratio cours/bénéfice de 4.4. A posteriori je suppose que seul l’engouement pour les titres techno – qui était à son comble à ce moment là – peut expliquer un prix aussi bas, car la compagnie était en voie d’établir un nouveau record : 42.03$ de bénéfice par action pour l’exercice 2000!

Quoi qu’il en soit, en 2001, question sans doute de faciliter les échanges, la direction s’est enfin décidée à effectuer son premier fractionnement d’actions. Au mois de mai, les derniers échanges ont culminé à 320$ (eh oui!) avant que le titre ne soit fractionné la première fois, selon un ratio de 20 :1, pour un total de 3 763 060 actions. Comme c’est souvent le cas en bourse, l’action a décollé dans les jours suivants pour atteindre 27$, soit l’équivalent de 540$ avant le fractionnement. Mais rapidement l’intérêt s’évapora et l’action de Bird Construction termina l’année autour des 15$.

L’ère post-fractionnement

Maintenant que nous avons parlé du décollage de Bird Construction, pour faciliter la compréhension, les chiffres exprimés le seront désormais (à moins d'avis contraire) en fonction des deux fractionnements d’actions, selon un facteur de 60 :1.

Au chapitre des ventes, la compagnie a poursuivi sa progression étonnante. Alors qu’elle affichait seulement 88 millions $ de revenu en 1988, en 2000, elle en était rendu à 360,5 millions $. En 2004, elle franchissait le seuil des 400 millions $ (448,2 M$); en 2006, celui des 500 millions (533,3 M$); en 2007, les 700 millions $ (756,6 M$). Pour 2008, même si la compagnie ne dévoilera ses résultats financiers que plus tard en mars cette année, on peut d’ores et déjà affirmer qu’elle franchira facilement les 800 millions $, car elle en était déjà à 788 millions $ fin septembre. À souligner que cette croissance provient en partie de l’acquisition en décembre 2007 de Rideau Construction, une entreprise solidement établie dans les provinces maritimes qui a donné accès ce nouveau marché.

Même si Bird Construction fait affaire dans une industrie très compétitive et que ses marges bénéficiaires nettes peuvent varier énormément (d’un peu plus de 1% à quelques fractions au-dessus de 4% selon la vigueur de la concurrence), la rentabilité est au rendez-vous depuis plus de 20 ans. D’année en année, la société figure d’ailleurs parmi les entreprises canadiennes dont le retour sur l’avoir des actionnaires est le plus élevé. De 1999 à 2007, le ratio moyen était de 50.5%, le plancher se situant à 25.98% en 2002 et le plafond, à 86.85% en 2007.

Toujours de 1999 à 2007, le bénéfice net est passé de 7,6 à 33,4 millions $, soit de 0.67$ à 2.42$ l’action. La valeur au livre a suivi la tendance, croissant de 0.92$ à 3.86$ l’action. Ce qu’il y a de plus beau, à mon avis, c’est que toute cette croissance a été réalisée sans recours à l’effet de levier. La direction de Bird Construction est en effet très conservatrice. Non seulement n’y a-t-il aucune dette au bilan, mais en plus la compagnie conserve traditionnellement d’importantes réserves en liquidités et placements. En 1999, le total de ses placements atteignait 42,6 millions $; fin septembre 2008, le montant était de 133,5 millions $ (plus de 8$ par action).

La direction conserve autant d’argent en liquidités principalement pour deux raisons : 1. La compagnie a besoin d’un fonds de roulement très élevé pour soumissionner sur de plus gros et lucratifs contrats, autrement elle serait incapable d’obtenir un cautionnement d’exécution («surety bond») d’un assureur tel que l’exigent la plupart de ces contrats. 2. Depuis que la société est une fiducie, la direction juge plus prudent de mettre de côté une partie des flux de trésorerie pour faciliter le maintien des distributions mensuelles pendant les cycles de ralentissement.

Les cycles

Puisqu’il est question de cycles, un mot à ce sujet. Je ne vous apprends rien en disant que l’industrie de la construction dépend pour une bonne part de la vigueur de l’économie. Dans le climat actuel, il y a certainement lieu de se demander si les beaux jours ne sont pas terminés pour Bird Construction.

Nul besoin d’être devin pour imaginer que ses activités dans les secteurs multi-résidentiel et commercial sont sans doute les plus vulnérables. Dans le secteur industriel, la baisse du prix du pétrole a ralenti considérablement les dépenses en capital en Alberta, notamment dans la région des sables bitumineux où Bird Construction est très active depuis quelques années. Déjà nous savons que l’un de ses gros clients, Petro-Canada, a reporté sa décision finale concernant la mise en chantier de son projet de Fort Hills Mine, là où Bird doit construire six bâtiments au coût de 100 millions $. Heureusement, il ne s’agit que d’une fraction de l’impressionnant carnet de commandes de 1,2 milliard $ de la compagnie et rien ne dit que Petro-Canada n’ira pas de l’avant.

À un peu moins de 20$ au moment d’écrire ces lignes, bien loin de son sommet de 45.46$ atteint en juin dernier, l’action de Bird Construction reflète déjà en partie l’inquiétude reliée aux trois secteurs dont je viens de parler. J’ignore dans quelle mesure la compagnie sera réellement affectée. À l’heure actuelle, je ne peux qu’exprimer l’espoir que la direction se montrera aussi alerte que par le passé, en concentrant ses efforts vers les régions et les activités les plus porteuses pour les trimestres à venir. Tout indique que le secteur institutionnel pourrait être son nouveau vecteur de croissance, si le Canada et les États-Unis consacrent autant d’argent que prévu aux travaux d’infrastructure dans leurs programmes de stimulation économique.

Gains de capital et dividendes

Maintenant que vous en savez plus au sujet de Bird Construction, la compagnie, il est temps de vous dire où vous en seriez exactement si vous en étiez devenu actionnaire il y a dix ans. D’abord, pour être parfaitement honnête, vous n’auriez pas été capable d’acheter d’actions avant le mois d’août de cette année là, car le titre est resté fixé à 53,40$ (89 cents en tenant compte des fractionnements) pendant des mois. Mais pour le plaisir de l’exercice, disons que, n’écoutant que votre courage, vous êtes devenu acquéreur de 100 actions à 88.20$ (1.47$ post-fractionnements) durant l’été. En supposant que vous ayez conservé vos actions jusqu’à ce jour, vous en auriez maintenant 6 000 à près de 20$ chacune, soit presque 120 000$ pour un investissement de 8 820 $ (oublions les frais de courtage!). C'est entre 13 et 14 fois la mise – un «14-bagger» pour reprendre la célèbre expression de Peter Lynch. En pourcentage, nous parlons d’un retour sur l’investissement de 1 260% ou de 31.6% par an. Pas mal, non?

Mais le plus beau de l’histoire, c’est que les actionnaires de Bird Construction ont été grassement payés – et continuent de l’être à tous les mois – en attendant que leurs actions accumulent une valeur inespérée dans leur portefeuille. Le tableau ci-dessous en fait l’illustration sans équivoque possible :

Dividendes et distributions *

1999……………….0.066
2000……………….0.20
2001……………….0.333
2002……………….0.30
2003……………….0.833
2004……………….0.966
2005……………….1.38
2006……………….3.248
2007……………….1.351
2008……………….1.45
__________________
Total……………10.127$

* En tenant compte des
deux fractionnements d’actions.

Ainsi donc, pour un investissement de 8 820$, vous auriez touché au total 60 672$ (6 000 x 10.127$) en dividendes et distributions – en supposant évidemment que vous ayez eu droit à tout l’argent versé en 1999. Et encore aujourd’hui vous recevriez une distribution mensuelle de 0.1209$ par unité, soit 725.40$ sans avoir à lever le petit doigt! Pour l’année 2008, il vous aurait fallu déclarer un revenu supplémentaire de 8 704.80, l’équivalent ou presque de la somme investie au départ. Difficile de trouver mieux, admettez-le!

Quoi faire ?

Pour finir quelques éléments de réflexion concernant le prix de l’action et s’il est opportun ou non d’investir présentement dans cette compagnie.

Comme vous le savez, je ne prétends par sur ce blogue avoir la compétence pour vous dire quoi faire de votre argent. Vous avez toujours la responsabilité en tant qu’investisseur de faire votre propre enquête, de vérifier mes données et de tirer vos propres conclusions. Cela étant dit, selon les données que j’ai été en mesure de rassembler, le titre de Bird Construction Income Fund se transige actuellement à un niveau fort raisonnable compte tenu des caractéristiques de l’entreprise.

Avec un bénéfice net par unité de 4.11$ pour les quatre derniers trimestres, le ratio cours/bénéfice est présentement de moins de 5, donc très bas. En s’en tenant simplement aux flux de trésorerie par unité (5.10$), le ratio tombe à moins de 4. À titre d’exemple, l’action de SNC-Lavalin, le géant québécois de l’ingénierie-conseil, se transige à plus de treize fois les flux de trésorerie par action pour les quatre derniers trimestres (2.69$).

Le rendement de BDT.un en distributions mensuelles dépasse les 7% – un niveau élevé qui tient sans doute au scepticisme du marché en regard de la possibilité qu’il soit soutenu indéfiniment. Sur ce point, je remarque qu’à la fin septembre la direction calculait n’avoir versé à ses actionnaires que 34.4% de l’encaisse distribuable. Il n’y a bien sûr rien d’acquis pour le futur, mais tout semble indiquer que la marge de manœuvre est encore confortable.

Je ne me suis pas prêté à l’exercice de comparer Bird Construction à d’autres entreprises du même secteur, mais j’ai quand même senti le besoin de dresser la liste des comparables inscrites à la bourse de Toronto. Les voici : Aecon Group (ARE), Armtec Infrastructure Income Fund (ARF.un), Genivar Income Fund (GNV.un), IBI Group Income Fund (IBG.un), Lockerbie and Hole (LH), Seacliff Construction (SDC), SNC-Lavalin (SNC) et Stantec (STN).

En conclusion, un dernier avertissement: Bird Construction Income Fund ne peut compter sur aucun avantage concurrentiel important pour continuer de croître. Les barrières à l’entrée dans l’industrie de la construction sont à peu près inexistantes – il n’y a malheureusement pas de «moat» (douve) pour protéger la compagnie contre ses compétiteurs. Si elle a un avantage, il réside à mon avis du côté de son bilan qui pourrait, dans l’état actuel de l’économie, lui permettre d’être préférée à des entreprises plus fragiles pour l'obtention de contrats. Mais je pense qu’elle doit avant tout ses succès passés à ses dirigeants – des gens de premier niveau – et à la réputation qu’ils ont su bâtir autour du nom de la compagnie. Maintenant que Bird Construction est sous la gouverne du nouveau pdg Paul Raboud, espérons qu’il en sera de même encore longtemps.

Bonne journée!

dimanche 1 février 2009

57 hausses en un mois!


Et dire qu'il y a quelques jours, je reprenais la manchette d'un texte d'Associated Press faisant grand état du fait qu'en ce début d'année les compagnies américaines annoncent des réductions de dividende au rythme le plus rapide des 50 dernières années...

Selon AP, sept compagnies de l'indice Standard & Poors 500, dont Bank of America et Pfizer, sont parmi celles qui ont fait savoir qu'elles verseront moins d'argent à leurs actionnaires en 2009. Ça paraît beaucoup et pourtant...

Pourtant, il m'a suffit de quelques heures de recherche sur l'internet pour dresser une liste -- incomplète, j'en suis certain -- de 57 sociétés nord-américaines qui ont augmenté leurs dividendes en janvier. J'admets que c'est probablement moins que la tendance habituelle, mais cinquante-sept, ça reste un nombre impressionnant dans le contexte économique actuel.

Un bon nombre de ces 57 sociétés sont des Limited Partnerships (LP), comme Holly Energy Partners ou Natural Resource Partners, mais il y aussi un bon nombre d'entités corporatives comme Allete ou Cintas.

Le secteur de l'énergie est bien représenté avec 25 compagnies. Mais j'ai aussi dénombré des banques comme Hudson City Bancorp, un fournisseur de pièces d'autos, Genuine Parts Company, et une chaîne de magasins à escompte, Family Dollar Stores.

Au moins six compagnies canadiennes font partie du groupe: Metro, Shaw Communications, ATCO, Canadian Utilities, Canadien National et Transalta.

Les hausses peuvent être symboliques. C'est le cas pour Wesco Financial, par exemple. La société de portefeuille dirigée par Charlie Munger, le partenaire d'affaire de Warren Buffett dans Berkshire Hathaway (BRK.a), ne versera que quatre cents de plus cette année, 1.58$ au total. Pour une action qui se transige à plus de 300$, il s'agit d'un rendement de moins de un demi de un pour cent. Sans vouloir manquer de respect à M. Munger, ce n'est pas une amélioration de 2.6% qui fera de sa compagnie un gros «dividend payer»...

Heureusement, il y a eu de belles surprises. Je retiens entre autres CMS Energy (+30.4%), Enterprise GP Holdings (14.6%), Fastenal (+29.6%), Heritage Financial Group (+14.2%) et TFS Financial Corporation avec un impressionnant 40% d'augmentation.

Bref, ces 57 compagnies nous rappellent, une fois de plus, qu'il n'y a pas que du noir autour de nous à la fin de la première décennie de ce millénaire. La vie continue et les entreprises sont là pour répondre aux besoins de tous et chacun. Certaines ne survivront pas au ralentissement économique, d'autres se tireront bien d'affaire. À nous de faire la part des choses et de cibler les meilleures.

Je surveillerai les annonces en février et en rendrai compte dans la colonne de gauche de mon blogue sous le titre Les dernières augmentations de dividende. Pour des fins d'archivage, voici donc la liste pour le mois de janvier; j'y indique le nom des compagnies qui ont fait des annonces, la hausse en dollar et le montant du dividende pour l'année:

EN JANVIER

- Allete Inc.: 0.04$ à 1.76$
-
Alliance Resource Partners: 0.06$ à 2.86$
- ATCO: 0.06$ à 1.00$
- Bemis Company Inc.: 0.02$ à 0.90$
- California Water Service Group: 0.01$ à 1.18$
- Canadian Utilities: 0.08$ à 1.41$
- Canadien National: 0.09$ à 1.01$
- Centerpoint Energy Inc.: 0.03$ à 0.76$
-
Cintas: 0.01$ à 0.47$
- CMS Energy: 0.14$ à 0.60$
- Comm Bancorp Inc.: 0.04$ à 1.12$
-
Consolidated Edison Holdings: 0.02$ à 2.36$
-
CVS Caremark Corp.: 0.029$ à 0.305$
- DCP Midstream Partners: 0.12$ à 2.40$
- DPL Inc.: 0.04$ à 1.14$
- Dunn & Bradstreet: 0.16$ à 1.36$
- El Paso Pipeline Partners: 0.08$ à 1.28$

- Energen Corp.: 0.02$ à 0.50$
-
Energy Transfer Equity: 0.12$ à 2.04$
- Enterprise Bancorp Inc.: 0.02$ à 0.38$
-
Enterprise GP Holdings: 0.24$ à 1.88$
- Enterprise Products: 0.12$ à 2.12$
- Family Dollar Stores: 0.04$ à 0.54$
- Fastenal Company: 0.16$ à 0.70$
- First Citizens Bancshares Inc.: 0.10$ à 1.20$
- Genuine Parts Company: 0.04$ à 1.60$
-
Healthcare Services Group: 0.04$ à 0.68$
- Heritage Financial Group: 0.04$ à 0.32$
- Holly Energy Partners: 0.04$ à 3.06$
- Hudson City Bancorp: 0.04$ à 0.56$
-
Inergy Holdings: 0.10$ à 2.70$
- Kinder Morgan Energy Partners: 0.12$ à 4.20$
- Linear Technology: 0.04$ à 0.88$
- Magellan Midstream Holdings: 0.02$ à 1.436$
- Magellan Midstream Partners: 0.03 à 2.84$
- McGraw-Hill Companies Inc.: 0.02$ à 0.90$
-
Metro: 0.05$ à 0.55$
- Monsanto
: 0.10$ à 1.06$
- National Instrument: 0.04$ à 0.48$
- Navios Maritime Partners: 0.06$ à 1.60$
- Norfolk Southern: 0.08$ à 1.36$
- North European Oil Royalty: 0.12$ à 4.24$
- Natural Resource Partners: 0.04$ à 2.14$
- Partnerre Ltd.: 0.04$ à 1.84$
- Pennichuck Corporation: 0.04$ à 0.70$
- Praxair: 0.10$ à 1.60$

- Rollins Inc.: 0.03$ à 0.28$
- Royal Dutch Shell: 0.08$ à 1.68$
- RPC Inc.: 0.04$ à 0.28$
- Shaw Communications: 0.04$ à 0.84$
- Sunoco Logistic Partners: 0.06$ à 3.96$
-
SJW Corp.: 0.015$ à 0.66$
- Telephone & Data Systems: 0.02$ à 0.43$
- TFS Financial Corporation: 0.08$ à 0.28$

- Transalta: 0.08$ à 1.16$
- Wesco Financial: 0.04$ à 1.58$
- Williams Pipeline Partners: 0.02$ à 1.28$