En repensant à la table ronde de Barron's, je me suis dit qu'il serait bon d'élaborer un peu sur quelques-unes des compagnies recommandées en fin de semaine. À mon avis, ces suggestions (bien plus que les considérations sur l'état de l'économie) nous montrent que le marché boursier offre actuellement de véritables aubaines aux investisseurs astucieux et patients.
Des quatre recommandations de Meryl Witmer (toutes intéressantes, soit dit en passant), Kaiser Aluminium (KALU) est celle qui ferait sans doute le plus saliver nos cousins du site web Les Daubasses de Benjamin Graham. Bien que Kaiser soit une entreprise aux activités résolument cycliques, nécessitant d'importants investissements en capital, à son cours actuel de 23.50$ l'action offre une solide marge de sécurité et un fort potentiel de gain.
Kaiser se spécialise dans la fabrication de feuilles et panneaux d'aluminium traités à la chaleur pour les industries aéronautique et de la défense. La compagnie produit également des éléments d'aluminium forgés à l'usage des fabricants d'automobile et d'autres secteurs industriels.
Son exposition au secteur automobile est d'environ 8% des ventes. Une baisse est attendue de ce côté, mais la demande pour l'industrie aérospatiale devrait compenser, croit Meryl Witmer en se fondant sur les besoins des transporteurs mais aussi sur l'utilisation croissante de la nouvelle technologie, dite monolithique, de construction des composants d'avions.
La construction monolithique consiste à sculpter les composants à même une plaque de métal. Le produit obtenu est à la fois plus léger et plus solide et nécessite l'utilisation d'une grande quantité d'aluminium, dont un grand pourcentage (90%) sera recyclé. Kaiser est un fournisseur privilégié dans ce segment, étant le seul à jouir d'une usine (présentement en phase d'agrandissement) ayant une capacité excédentaire pour ce produit.
Meryl Witmer ne cache pas que Kaiser a bénéficié, ces dernières années, de la protection de la loi sur les faillites pour se restructurer et se débarrasser d'activités non-rentables. Selon elle, la société affiche maintenant un bilan solide avec une dette 50 millions $ pour une valeur au livre de 950 millions $ (47$ l'action), soit deux fois le cours actuel. De plus, environ 16$ de la valeur au livre est un actif fiscal en vertu duquel la compagnie n'aura pas à payer de taxes sur son bénéfice pour plusieurs années.
En 2008, Mme Witmer pense que Kaiser pourra dégager environ 3.50$ de bénéfice net par action, soit le même total qu'en 2007. Si la compagnie réussit son pari de devenir le fournisseur à coût le plus bas pour la construction monolithique en aérospatiale, le bénéfice net par action pourrait monter à 6$ en 2010, croit-elle. Au plan des commandes, il y a bien sûr quelques annulations en raison de la récession, mais la liste d'attente est longue dans l'industrie aéronautique, de sorte que les installations continuent de fonctionner à capacité.
«La compagnie sera dans une position rêvée pour plusieurs années», affirme Mme Witmer qui calcule qu'un bénéfice net de 5$ par action est un objectif réaliste pour cette année. En tenant compte de l'avantage fiscal et en supposant une évaluation de 10 fois le bénéfice net, elle cible un prix de 60$.
La capitalisation boursière de Kaiser est de 500 millions $. Son usine la plus moderne, à elle seule, coûterait 1,5 milliard $ à reconstruire au coût actuel. «La compagnie est en vente à une énorme escompte par rapport à sa valeur de remplacement», dit-elle pour conclure.
Microsoft
De son côté, malgré sa vision alarmiste de l'économie en général, Fred Hickey reconnaît que, pour la première fois depuis des années, il n'a aucune recommandation de vente à découvert à faire. C'est rassurant de l'entendre dire ça.
Son choix le plus intéressant à mes yeux est Microsoft (MSFT), une compagnie qui n'a pas vraiment besoin de présentation dont l'action se transige au même niveau qu'en 1998. «À 20$, le prix de l'action est plus bas qu'il y a dix ans, quand la compagnie avait des revenus de 12 milliards $. Maintenant, elle en fait 60 milliards $.»
M. Hickey fait remarquer que la compagnie fondée par Bill Gates rachète constamment de ses actions pour compenser l'effet de dilution de l'émission d'options pour le personnel cadre. Point important pour les lecteurs de ce blogue, l'entreprise a introduit un dividende il y a quelques années -- dividende offrant présentement un rendement de 2.7% qu'elle a amplement les moyens de maintenir et même de hausser, compte tenu de son bilan extrêmement solide (encaisse de près de 20 milliards $, pratiquement sans dette).
Le ratio cours/bénéfice est à 10, du jamais vu pour le géant mondial du logiciel. Au plan des opérations, les observateurs accordent encore beaucoup d'importance à Windows, le système d'opération pour PC qui en a fait la fortune. C'est toujours le segment d'affaire le plus visible de la compagnie, mais à 28% des ventes il n'est plus aussi important qu'avant et a tendance à diminuer au profit d'autres activités comme celles des serveurs, en hausse de 17% au dernier trimestre. Le véritable bijou serait désormais la division affaire, croit M. Hickey, avec une contribution du tiers des revenus en croissance de 20% pour la même période.
Pour finir, Fred Hickey place Microsoft avant Google, même si GOOG est descendu de son sommet de 700$ à un peu plus de 300$ actuellement. L'action, termine-t-il, pourrait se retrouver à 30$ dans un an, tout dépendant de l'évolution du marché entretemps.
Comme on dit chez nos voisins du Sud: This is music to my ears!
Bonjour Marc,
RépondreSupprimerA mon avis, Kalu a peu de chance d'entrer un jour dans le portefeuille des daubasses. Non en raison d'un quelconque défaut ou d'un prix trop élevé mais plutôt en raison de la nature de ses activités : il s’agit d’industrie lourde.
Dans ce type d’activité, la majorité de l’actif est constituée par les installations industrielles. La majeure partie des ressources de l’entreprise est donc affectée au financement de ces installations et non de l’actif courant comme cela pourrait être le cas pour des sociétés de service ou de distribution.
J’ai donc l’impression qu’il y a peu de chance que Kalu cote un jour sous son « actif net net », ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il ne s’agit pas d’un bon investissement et qu'il ne pourrait pas nous faire "saliver" ... en dehors du contexte de nos daubasses.
Bon point de l'équipe Valeur et conviction. J'aurais voulu provoquer une réaction que je n'aurais pas fait mieux...
RépondreSupprimerVotre observation est tout à fait juste. J'en ai d'ailleurs fait mention (en rapportant les propos de Witmer) au début de l'article: «Bien que Kaiser soit une entreprise aux activités résolument cycliques, nécessitant d'importants investissements en capital (...)».
KALU n'est évidemment pas, non plus, le type de compagnie que je recherche pour l'inclure dans un portefeuille et le conserver à long terme. J'ai choisi d'en parler, parmi les suggestions faites par Mme Witmer, parce qu'il m'apparaissait extrêmement déprimé, sans trop de risque à cause de la valeur des actifs, de la demande pour ses produits et de la solidité du bilan.
KALU me permettait d'illustrer qu'il y a différentes façons de faire de l'argent en bourse. On peut préconiser une méthode (comme je le fais), mais il en existe d'autres. Celle qui consiste à rechercher des entreprises se transigeant sous la valeur de remplacement des actifs en est une.
KALU est une option parmi d'autres, j'en conviens. Il existe beaucoup d'opportunités, tout aussi alléchantes, sur le marché présentement. Je ne doute pas un instant que vous trouverez encore mieux.
Bon investissement!