dimanche 4 janvier 2009

Patience et longueur de temps...



Depuis le temps que j'y pense, je me décide enfin, en ce début d'année 2009, à tenter ma chance comme «blogueur». Et comme le monde financier -- particulièrement celui des actions -- constitue mon centre d'intérêt depuis déjà plus de dix ans, ce blogue lui sera entièrement consacré.

Je m'en voudrais d'entrer dans le vif du sujet sans donner d'abord quelques explications. En premier lieu, pourquoi ce nom?

Actions: dividendes et croissance. Rien là de très «glamour», j'en conviens. Il s'agit toutefois d'une formule simple qui a pour avantage de définir assez bien la méthode d'investissement que j'entends proposer. Je ne le cache pas, dividendes et croissance sont aussi deux mots qui retiennent inlassablement l'attention des boursicoteurs et qui devraient, naturellement, être parmi ceux qu'ils utiliseront le plus souvent dans leurs recherches sur Google -- ce qui, je l'espère, les conduira éventuellement sur ce blogue.

Et pourquoi ce titre pour mon premier article?

Patience et longueur de temps... font plus que force ni que rage. C'est l'auteur des Fables, Jean de la Fontaine, qui écrivait ces mots remplis de sagesse dans Le lion et le rat, il y a de cela près de 300 ans. D'aucuns penseront qu'une phrase tirée de La cigale et la fourmi s'appliquerait davantage à l'investissement. C'est une question de perception. Je pense que les qualités premières de l'investisseur, celles qu'il doit nourrir à tout prix afin d'obtenir du succès, sont la patience et le sang-froid. Évidemment, il faut une méthode, mais aussi bonne soit-elle, rien n'en garantira les résultats si l'on ne l'applique pas avec discipline dans toutes les conditions.

Bon voilà. Je reviendrai sans doute sur ces sujets plus tard. Parlons maintenant de dividendes et de croissance. En quoi ces deux termes sont-ils liés et pourquoi les ai-je choisis comme éléments-clés de la méthode que je propose?

D'abord, le dividende. Qu'il soit mensuel, trimestriel, semi-annuel, annuel ou extraordinaire, le dividende sort des coffres de la compagnie dont vous êtes actionnaire pour être versé à votre compte, soit par chèque ou par virement électronique.

«Savez-vous quelle est la seule chose qui me procure du plaisir ? C'est de voir arriver mes dividendes», aimait à plaisanter John D. Rockfeller. Le fondateur de la Standard Oil n'était évidemment pas dans le besoin. Selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia, au sommet de sa fortune, en 1914, M. Rockfeller, qui avait alors 74 ans, «valait» 330 milliards en dollars américains d'aujourd'hui.

Si il était agréable à celui qui figure au premier rang de tous les temps pour la fortune accumulée de recevoir ses dividendes, pourquoi n'y trouveriez-vous pas aussi du plaisir? Pour un investisseur qui effectue son premier placement boursier, le fait de recevoir un dividende ou non pourra sembler tout à fait secondaire, étant donné que ce placement sera sans doute modeste, de même que la somme versée ultérieurement au compte. Mais ce n'est pas ainsi qu'il faut voir la chose. Rien de mieux qu'un exemple pour mieux comprendre la situation:

Supposons que vous ayez ouvert récemment un compte chez un courtier à escompte (e*Trade, par exemple) et que vous avez effectué votre premier achat vendredi. Vous aviez peu d'argent à votre disposition (disons 500$), mais cela ne vous a pas empêché de mettre la main sur dix actions de Canadien National (CNR), au prix de 46.25$ l'unité à la bourse de Toronto. La transaction vous aura coûté 462.50$ et 9.99$ de commission pour un total de 472.49$. Comme tout néophyte à la bourse, votre première intention est de faire un «coup d'argent». Vous visez le gain de capital et faites peu de cas du dividende de 92 cents (23 cents par trimestre) versé par le CN, celui-ci rapportant un peu moins de 2% (.92/46.25=1.989%). À quoi bon, en effet, se soucier d'un dividende de 9.20$ (10 x .92) quand vous pouvez faire mieux (un peu, mais pas tant que ça) avec un simple certificat de dépôt à la Banque Nationale?

En premier lieu, mettons de côté la question du gain de capital. Si le potentiel de profit avec ce titre est bien réel, il faut que vous admettiez que les possibilités de perte le sont tout autant. En fait, le potentiel de gain (ou de perte) de votre investissement dépend en grande partie de votre capacité à identifier le bon moment d'acheter et de vendre le titre. Même un investisseur chevronné entouré d'une armée d'analystes aura bien du mal à choisir le «bon moment» de façon constante. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les rendements des gestionnaires de portefeuille d'actions à travers le temps pour s'en convaincre. Rares (extrêmement rares) sont ceux qui arrivent à faire mieux que les indices de référence sur une base constante. Des noms comme ceux de Peter Lynch (Fidelity), Bill Miller (Legg Mason) et Michael Irwin (ABC Funds) me viennent à l'esprit, bien que la réputation des deux derniers aient été ternies par la performance récente de leurs fonds.

Qu'est-ce qui fait donc de vous, à vos débuts, un meilleur «stockpicker» que les professionnels de la finance? Poser la question, c'est y répondre à mon avis: vous n'êtes certainement pas meilleur que quiconque à ce stade de votre apprentissage. À quoi bon, alors, tenter votre chance? Parce que malgré vos carences de débutant, vous jouissez d'avantages non négligeables sur ces professionnels. Premièrement, vous êtes totalement indépendant. Il n'y a pas de patrons, pas d'investisseurs impatients, pas de journalistes inquisiteurs pour vous mettre de la pression sur les épaules. Étant donné que vous n'avez pas de comptes à rendre et que n'avez que des sommes modestes à investir, vous n'êtes pas non plus limité à un univers restreint. Si vous voulez n'acheter que des actions canadiennes, vous pouvez le faire. Si vous voulez concentrer votre attention aux petites compagnies, aux fiducies de revenu, aux compagnies américaines ou européennes, rien ne vous en empêche. Si vous préférez «sortir» du marché parce que les actions vous apparaissent «trop chers», rien ni personne ne vous interdit de le faire. VOUS ÊTES LES PATRON.

Autre avantage: vous épargnez des sommes importantes en frais de gestion. En effet, peu importe si vous achetez des fonds communs, que vous fassiez affaire avec un courtier de plein exercice ou avec un conseiller financier, tous ces intermédiaires vous coûteront de l'argent. Entre 1,5% à 3% par année (habituellement soustraits sur la valeur trimestrielle de votre compte), dans les bonnes comme dans les mauvaises années. Il faut bien que ces gens-là vivent, mais ce n'est pas nécessaire qu'ils le fassent à vos dépends... En faisant preuve de discipline (encore), vous pouvez réduire ces frais à moins de 1% chez un courtier à escompte. Sur le long terme, la différence peut représenter des milliers de dollars d'économie.

Dernier point à considérer: l'aspect fiscal. Les dividendes d'actions canadiennes sont sujets à un traitement différent des revenus d'intérêt pour les citoyens canadiens. Tout dépendant du revenu d'une personne, 100$ de dividende lui laisseront davantage d'argent dans les poches que les mêmes 100$ en intérêt. À ce sujet, une visite sur le site web de Revenu Canada vous en dira plus (cherchez «Crédit d’impôt pour dividendes» au milieu de la page).

Voilà pour les avantages. C'est mince, me direz-vous. Heureusement, ce n'est pas tout. N'oubliez pas la méthode! Dividendes et croissance. Cela tient en peu de mots, mais je l'expliquerai plus à fond, avec des exemples, dans des articles subséquents. La voici tout de même en quatre points:

1. Vous chercherez en tout temps des entreprises bien gérées capables de verser un dividende peu importe l'état de l'économie (même quand tout le système semble vouloir s'écrouler, comme c'est le cas présentement).

2. Vous mettrez l'emphase sur des compagnies ayant un bilan financier solide, dont les opérations dans des secteurs peu cycliques ne nécessitent que de faibles investissements en capital.

3. Vous tenterez de maintenir vos positions pour le long terme, voire indéfiniment, de manière à les renforcer sur faiblesse, et afin d'éviter de payer inutilement de l'impôt.

4. Enfin, pour l'aspect «croissance» de l'équation, vous vous assurerez que la compagnie a la marge nécessaire pour hausser le dividende d'année en année (en donnant la préférence aux sociétés dont c'est déjà la politique établie).

Pour conclure, revenons à notre exemple du CN. Sans prétendre qu'il s'agit d'un choix répondant parfaitement aux critères que je viens d'énoncer (c'est «votre» idée après tout), on peut constater que l'action du CN a fort bien récompensé les actionnaires qui l'ont achetée dans le passé avec l'objectif de profiter d'un dividende croissant. En 1996, le dividende du CN se chiffrait à 13.5 cents. En douze ans, le dividende a donc augmenté de 581%! Il y a dix ans, vous auriez payé l'action autour de 13$ (en tenant compte des trois fractionnements). C'est donc dire que sur l'investissement initial, votre rendement serait aujourd'hui de 7% (.92/13). Cinq cents dollars investis en 1998 vous en rapporteraient annuellement 35. Pas mal, d'autant plus que vous auriez un gain de capital intéressant (255% ou + 1185$) sur papier, tout cela en dépit du fait que vous auriez vécu deux marchés baissiers majeurs pendant ces années.

Eh oui, toucher un dividende n'empêche pas d'engranger des gains de capital. Bien au contraire, ça peut devenir une excellente manière d'y parvenir. Faut-il rappeler que les dividendes constituent une portion importante du rendement boursier total au fil des ans. Selon Standard & Poors, depuis 1956, les dividendes de sociétés canadiennes ont contribué pour 30% du rendement total de l'indice composé du S&P/TSX, le solde de 70% représentant les gains de capital.

C'est là où je veux en venir: une stratégie d'épargne ciblant les compagnies versant un dividende croissant comblera l'investisseur patient. Non seulement jouira-t-il de revenus réguliers et croissants qui l'aideront à «fermer les écoutilles» et faire fi des bulles d'exubérance comme des vents de panique qui agitent inévitablement les marchés, mais en plus il aura concentré son actionnariat dans des compagnies de première qualité, dont la capitalisation boursière ne pourra qu'augmenter avec le temps. Pour autant qu'il demeure discipliné et surveille de près ses «affaires», l'investisseur ciblant dividende et croissance sera admirablement positionné pour faire de l'argent à la bourse. C'est aussi simple que ça.

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