mercredi 18 février 2009

PBS et la crise financière


J'ai décidé de vous faire partager aujourd'hui un documentaire fascinant du réseau de télévision PBS intitulé Inside the Meltdown -- How the economy went so bad, so fast, and what Bernanke and Paulson didn't see, couldn't stop and weren't able to fix.


Nous avons là la confirmation que le système financier mondial a été à deux doigts d'une catastrophe sans précédent l'automne dernier. Pour qu'un politicien ardent défenseur de la libre-entreprise comme le Secrétaire au Trésor Henry Paulson annonce à huis clos, à une douzaine de congressistes triés sur le volet, qu'ils n'avaient d'autre choix que d'utiliser l'argent des contribuables -- 700 milliards $ -- pour sauver l'économie mondiale, il fallait en effet que l'heure soit grave.

S'ils n'agissaient pas immédiatement, leur a expliqué en substance le président de la Banque fédérale américaine, Ben Bernanke, «dans quelques jours, le système financier va s'écrouler». Pour reprendre l'expression du sénateur démocrate Chris Dodd, qui assistait à cette rencontre historique, «il y a eu une pause où l'oxygène, littéralement, a quitté la salle»...

L'idéologie de côté


Quelques mois plus tard, il est encore bien trop tôt pour crier victoire. Mais au moins, nous pouvons trouver un peu de réconfort à la pensée que les personnes en position de commande ont mis l'idéologie de côté pour chercher des solutions réalistes aux problèmes auxquels elles étaient confrontées.


Le vidéo rappelle entre autres ces journées chargées de tension, au mois de septembre 2008, où le Congrès américain a rejeté le plan Paulson. Il fallait voir certains élus -- républicains et démocrates -- se taper la poitrine du poing, jurer qu'ils ne porteraient pas l'odieux de voter en faveur du projet alors que se jouait probablement l'avenir du système capitalisme tel que nous le connaissons. La déroute des marchés boursiers qui s'est ensuivie les a, heureusement, rappelé à l'ordre.

Quand j'y pense, nous vivions des heures irréelles, presque absurdes. Pour faire une analogie, c'est un peu comme si un jeune champion du 100 mètres se présentait à l'urgence d'un hôpital à l'article de la mort. Le personnel médical -- incidemment très compétent -- qui se penche sur notre patient en arrive rapidement à la conclusion que celui-ci est atteint de la bactérie mangeuse de chair et que l'amputation d'une des deux jambes s'impose dans les plus brefs délais. Mais voilà, papa et maman s'opposent.

«Pas question! c'est un champion. Sans ses deux jambes, sa carrière sera terminée. Qu'adviendra-t-il de lui, de son futur?» s'insurgent-ils devant les médecins pantois. Poser la question, c'est y répondre: peut-être aura-t-il une chance de vivre, nom de Dieu!

Quoi faire?


J'ignore évidemment ce que serait devenue notre existence à tous dans l'éventualité de l'effondrement du système capitaliste. Devrions-nous faire comme certains et acheter de l'or, de la nourriture et des armes pour faire face au chaos qui pourrait en résulter?


Je me souviens que Felix Zulauf, un participant régulier à la Table ronde annuelle de Barron's, était un partisan de cette approche au début de janvier. Zulauf, que Peter Lynch qualifiait de «worrywart» (Traduction libre: perpétuel angoissé) dans le chapitre de son livre Beating the Street où il parle de ses participations à ce rendez-vous annuel...

Peter Lynch a bien sûr toujours été un optimiste. Mais même lorsque l'ancien gestionnaire du Fonds Magellan se met à imaginer les pires scénarios pour le système capitaliste, je retiens qu'à son avis, c'est encore le marché boursier qui tient les meilleures promesses de rendement à long terme. Bien meilleures que les obligations, certificats de dépôts et l'argent comptant, qui de toute façon, selon lui, ne seraient pas non plus de grand secours si le toit venait effectivement à s'effondrer sur nos têtes.

Un autre grand investisseur, Warren Buffett, semble partager la même vision des choses. Dans l'article qu'il écrivait récemment dans le New York Times, il annonçait son intention d'être très actif sur le marché à la suite de la dégringolade boursière de l'automne. Pourtant, le pdg de Berkshire Hathaway -- un homme consulté par le gouverneur de la Californie, le républicain Arnold Schwarzenegger, et le nouveau président des États-Unis, Barack Obama -- était certainement bien au fait de l'état lamentable de l'économie mondiale au moment d'écrire ces lignes. Le temps était tout de même venu, selon lui, d'acheter des actions. De plus, il estimait que l'argent comptant était la pire protection possible en ces heures d'incertitude:

(...)

«Today people who hold cash equivalents feel comfortable. They shouldn’t. They have opted for a terrible long-term asset, one that pays virtually nothing and is certain to depreciate in value. Indeed, the policies that government will follow in its efforts to alleviate the current crisis will probably prove inflationary and therefore accelerate declines in the real value of cash accounts.»

(...)

C'est un peu long comme introduction et c'est pourquoi je vous ramène, à la fin de cet article, au vidéo de CBS. Écoutez-le avec attention, mais ne vous découragez pas pour autant. Pensez que les compagnies dont vous êtes actionnaires -- si elles sont bien choisies -- survivront au ralentissement économique. À titre d'exemple, juste aujourd'hui, six compagnies dont les actions sont inscrites sur les marchés boursiers nord-américains ont annoncé une augmentation de dividende. En février, je compte déjà 46 compagnies qui ont fait de même. Bien sûr, cela ne vous empêche pas d'acheter aussi de l'or, de la nourriture et des armes, comme le suggèrent les Felix Zulauf de ce monde. Si toutefois c'est votre intention, posez-vous d'abord cette simple question: pourrez-vous vraiment vous retrancher dans un bunker et défendre votre patrimoine, si jamais ça en vient là?

Voilà de bons éléments de réflexion.

Bonne journée!


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